Coronavirus et confinement, comment gérer l’anxiété ?11 min

Au début, c’est loin, c’est en Chine. C’est affreux, mais ça ne nous concerne pas, ça n’arrivera pas jusqu’à nous. Puis ça se rapproche, mais on se dit que les médias en font trop, qu’ils veulent nous faire peur, pour une histoire d’audience.

Entre les discours alarmistes et la psychose d’un côté et ceux qui sont totalement détachés de l’autre, les histoires de complots et les soupçons de manipulations politiques, on ne sait plus quoi penser.

Mais tout à coup, c’est là, c’est bien réel. Nous sommes touché.e.s par l’épidémie, ce terrible virus dont on entend parler depuis des semaines. Et en quelques jours, notre vie est mise sur pause, c’est la rupture sociale, le confinement, l’inquiétude, pour notre santé, nos proches, notre avenir…

Fini les blagues sur la bière Corona ou le groupe des années 80, on reste chez soi et on a peur. Peur pour notre vie et celle de ceux qu’on aime, pour notre travail, pour l’impact de cette situation presque irréelle…

Bien sûr tout le monde ou presque est angoissé, ce qui est normal, ce que nous vivons actuellement constitue un véritable bouleversement dans le monde entier.

Mais pour les personnes souffrant de troubles anxieux, déjà sujettes à l’anxiété et la panique, cette période peut être particulièrement éprouvante pour de nombreuses raisons que nous allons voir ensemble.

Heureusement, nous possédons de précieuses ressources en nous-mêmes et de nombreux outils et solutions sont à notre disposition pour faire face à cette situation. Je vous propose quelques pistes dans la seconde partie de cet article, courage !

1. Pourquoi la situation est-elle si stressante ?

Notre sensibilité à l’anxiété

Tout d’abord, comme vous le savez, chez les personnes anxieuses, le système d’alarme en cas de danger est particulièrement sensible et a tendance à se déclencher à tout va. Alors forcément, dans une situation comme celle-ci, face à un virus, bien réel et potentiellement dangereux, notre anxiété redouble.

L’objet de notre peur

Ensuite, comme il s’agit d’une maladie, l’objet de notre peur est invisible, impalpable et nous ne pouvons pas avoir de contrôle dessus. Cela entraîne un sentiment de vulnérabilité, de ne pas pouvoir faire face et nous pousse à exagérer le danger et ses conséquences.

Une situation inédite

Le caractère inédit de la situation à laquelle nous sommes confronté.e.s est effrayant et vient réveiller deux choses que l’être humain n’aime pas du tout : l’inconnu et l’incertitude. N’ayant jamais vécu cela, nous n’avons pas de point de comparaison et nous ne savons pas comment les choses vont évoluer, nous avons alors tendance à envisager le pire.

L’emballement de notre esprit

Lorsqu’on est anxieux.se, l’anticipation négative et la tendance aux scénarios catastrophes, assez développées en temps normal, sont exacerbées en cette période de pandémie et nous empêchent de raisonner de manière rationnelle.

Les médias

La couverture médiatique assez phénoménale depuis quelques semaines participe largement à intensifier notre anxiété. Notre cerveau ayant plutôt tendance à enregistrer les infos les plus anxiogènes, celles qui ont suscité de l’émotion en nous, ce sont elles que l’on va se rappeler et qui vont générer de l’angoisse.

L’hypocondrie et la peur de mourir

La peur de tomber malade est difficile à gérer car elle implique de la souffrance et elle sous-entend la mort, qui est certainement LA peur la plus terrifiante qui soit.

Quand on est anxieux.se, on peut déjà être sujet.te à cette peur démesurée de mourir, ou à l’hypocondrie. Ces peurs sont en ce moment décuplées par la présence d’un élément (cette fois-ci) bien concret. Bien qu’elle reste d’une certaine façon irrationnelle, la peur devient fondée, ce qui la rend plus présente et plus intense.

Par ailleurs, nous n’avons pas peur seulement pour nous mais aussi pour nos proches et tous ceux qu’on aime.

Un grand bouleversement dans nos vies

L’être humain n’aime pas le changement et les personnes anxieuses encore moins.

Or cet épisode constitue un véritable chamboulement dans nos habitudes et nous demande un gros effort d’adaptation qui n’est pas facile et engendre : 

• une perte de repères : changement dans nos activités quotidiennes mais aussi dans le fonctionnement du pays tout entier, rien n’est comme d’habitude,
• une perte de confort : l’accès aux soins et aux activités habituelles est moins aisé,
• un sentiment d’insécurité : le risque de contamination, le port du masque… 

Le confinement

Enfin, après la peur d’être contaminé.e et tous ces changements, ultime épreuve : le confinement.

Pour certains, c’est plutôt chouette, parce qu’ils vivent dans une grande maison, ou bien jouissent d’un jardin, sont en famille, c’est comme des vacances finalement !

Pour d’autres, qui ont un logement plus petit, sont en ville, sans extérieur ou, le plus dur, vivent seul.e.s, l’enfermement, l’isolement peuvent être vraiment compliqués.

Pour les personnes anxieuses, quand certains seront ravis de se couper du monde, d’autres, qui ressentent un grand besoin de sortir (en cas de claustrophobie) ou d’être entourés (souffrant d’attaques de panique par exemple) auront beaucoup plus de mal à rester seul.e.s et en souffriront davantage.

Dans tous les cas de figure, le fait d’être « enfermé.e » chez soi , sans savoir vraiment pour combien de temps n’aide pas à penser à autre chose et crée de l’anxiété.

Habituellement, lorsqu’on est angoissé.e par quelque chose, nous pouvons aller au cinéma, voir des amis, aller nous promener. En ce moment ce n’est pas possible, il faut trouver d’autres moyens de gérer son anxiété et ce n’est pas simple.

D’autre part, nous avons besoin d’agir lorsque l’on est confronté.e à une menace, dans le but d’y remédier. Cette passivité imposée n’est pas intuitive et peut être frustrante et source d’angoisse. Le confinement participe à rendre la situation étrange et nous rappelle constamment qu’il y a un danger dehors.

2. Impact et conséquences de cette situation lorsqu’on est anxieux.se

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, il est bien naturel de ressentir un grand stress et d’être particulièrement anxieux.se en ce moment.

Cela est déjà dur en soi mais peut aussi être à l’origine d’une rechute pour les personnes qui ont réussi à stabiliser leurs troubles anxieux et trouver un équilibre.

Je ne vais pas vous mentir, ça a été mon cas. J’ai pensé au début que j’allais tout à fait être à même de gérer ces événements de manière sereine, sans céder à la panique, forte d’un long travail sur moi-même et des nombreuses techniques de gestion des émotions que je maîtrise parfaitement depuis plusieurs années.

Mais ce n’est pas si simple : quand on a vécu dans l’angoisse pendant des années et que l’on a un tempérament anxieux, ce genre d’événement peut faire remonter d’anciens automatismes et peut nous faire perdre nos moyens.

Malgré moi et ce que j’ai mis en place rapidement pour ne pas être trop affectée et ne pas me laisser envahir par l’angoisse, j’ai été très perturbée et l’anxiété a refait surface sans crier gare. J’ai remis en question ma guérison, les projets dans lesquels j’étais à 100% ces derniers temps et qui tout à coup me semblaient n’avoir plus de pertinence, ma capacité à supporter le confinement, …

Heureusement, après quelques jours de flottement, un petit temps d’adaptation et le soutien inconditionnel de mon cher et tendre, j’ai pu prendre un peu de recul, comprendre ce qui se passait en moi, accepter tout cela et faire en sorte de vivre au mieux cette période étrange, inédite et assez incroyable.

Je partage avec vous ce qui m’a aidé et qui peut vous être utile.

3. Que faire pour gérer l’anxiété liée à la situation actuelle ?

Coupez-vous de l’actualité

Tout d’abord et en toute logique, se couper de l’actualité.

Nous sommes dans l’ère de la technologie et de l’hyper connexion et nous croulons sous les données.

Concernant l’épidémie, nous trouvons toutes sortes d’informations, pas toujours vérifiées ou pertinentes, parfois confuses, déformées ou contradictoires, allant même jusqu’à être fausses mais surtout anxiogènes.

S’informer à partir de sources fiables est bien sûr recommandé pour connaître les précautions à appliquer, passer ses journées sur internet et notamment les réseaux sociaux ne vous aidera pas. Cela contribuera au contraire à vous stresser et à augmenter la confusion et l’angoisse que vous pouvez ressentir.

Acceptez la situation

Accepter la situation : notre peur est naturelle puisqu’elle sert à nous alerter en cas de danger, mais elle ne doit pas s’intensifier au point de nous faire céder à la panique ou à la psychose.

Contentez-vous de prendre les précautions nécessaires, focalisez-vous sur ce que vous pouvez contrôler plutôt que lutter contre ce sur quoi vous n’avez pas de prise, qui ne fera que renforcer votre peur.

Comme souvent avec l’anxiété, il vous faut essayer de lâcher prise.

Gardez un cadre et vos habitudes

Essayez de conserver votre mode de vie habituel : continuez votre routine et gardez un rythme régulier (heure de coucher/lever, repas).

Cela a un côté rassurant, tranquillisant, vous évitera de cogiter sur les événements, détournera votre esprit et vous donnera moins l’impression d' »anormalité ».

Egalement prenez votre douche et préparez-vous comme pour une journée classique (en privilégiant une tenue confortable et une mise en beauté légère bien entendu), plutôt que de traîner en pyjama. Cela vous fera vous sentir bien et joli.e et affectera moins votre moral.

Prenez garde aux stratégies de contrôle et comportements compulsifs pour pallier à l’anxiété

Soyez vigilant.e.s aux stratégies de contrôle (vouloir tout savoir sur le sujet, vous laver les mains toutes les trois secondes), d’évitement ou comportements compulsifs (vous réfugier dans l’alcool ou la nourriture, passer votre temps devant des séries télé) qui vont vous soulager sur le coup mais sont néfastes sur le long terme.

Faites des projets

Fixez-vous des objectifs : cela peut beaucoup vous aider de vous focaliser sur quelque chose et vous occuper : commencez une activité qui vous tient à cœur depuis longtemps mais que vous n’aviez pas le temps de faire, fabriquez vous même vos produits d’entretien pour la maison, confectionnez des petits cadeaux pour vos proches, testez des recettes de cuisine…

Faire quelque chose d’utile ou de plaisant sera valorisant et aura pour conséquence entre autres bienfaits d’augmenter votre sentiment d’efficacité et de satisfaction et ainsi diminuer votre anxiété.

Utilisez les techniques de relaxation

Bien entendu, pensez à appliquer les techniques de réduction de l’anxiété habituelles qui vous conviennent : respiration, relaxation, méditation guidée, sophrologie, étirements,… tout ce qui peut vous aider à vous détendre et à faire baisser votre niveau d’anxiété.

Un peu de sport ?

Si vous en avez le courage, essayez de faire un peu d’exercice tous les jours.

Puisque les sorties sont restreintes, il est essentiel de se dépenser un minimum pour évacuer le stress, ne pas rester tout le temps assis.e et … ne pas prendre trop de poids !

En plus des vidéos que vous trouvez habituellement sur YouTube, je sais qu’il existe des séances de yoga ou autres en direct sur Facebook et Instagram, si cela peut vous aider à vous motiver.

Prenez du recul

Pour ne pas vous laissez submerger par l’anxiété ou envahir par les pensées négatives, vous pouvez mettre par écrit vos ressentis et ce qui vous inquiète. Cela vous permettra de les mettre à distance et de prendre du recul.

Oui, le danger du virus est réel, ce n’est pas « comme une grippe » et certaines personnes, plus fragiles, en meurent, mais rappelez-vous que dans la plupart des cas les symptômes sont bénins et la guérison se fait naturellement.

Raison gardez !

Si vous avez tendance à avoir l’impression que vous présentez les symptômes du virus ou à voir des manifestations de la maladie à la moindre sensation, essayez de faire la part des choses entre votre imagination, l’expression (fourbe) de l’anxiété et les réels signes du Coronavirus.

Les symptômes sont connus et bien précis, n’assimilez pas le moindre éternuement à la contamination. La forte anxiété que vous avez en ce moment est probablement la cause de la majorité de vos sensations.

Une bonne alimentation pour un bon système immunitaire

Si cela peut vous rassurer, vous pouvez prendre des mesures pour renforcer votre immunité et limiter encore plus les risques de tomber malade.

Pour cela, il est important d’avoir des intestins en bonne santé : une bonne alimentation, riche en légumes (cuits de préférence, pour les microbes mais aussi la digestion), une bonne hydratation, peu de sucreries et pourquoi pas des probiotiques en complément devraient vous y aider (vous pouvez consulter les conseils d’une très bonne naturopathe dans sa Story intitulée « Immunité »).

Changer votre discours intérieur et aérez-vous la tête

Si le confinement vous inquiète, gardez à l’esprit que cette mesure est destinée à réduire le nombre de cas pour soulager les professionnels de santé plutôt que vous dire que c’est parce que le virus est extrêmement contagieux et qu’on peut en mourir.

Le discours intérieur, ce qu’on se dit d’une situation fait bien souvent la différence.

Quand l’oppression devient trop forte, faites un petit tour : prendre l’air et le soleil, même dix minutes donne un bon coup de boost !

En mode ménage et cocooning

Mettez-vous en mode cocooning !

Cette année, pas d’excuse pour ne pas faire le ménage de printemps : nettoyez votre maison à fond, switchez vos vêtements hiver/été, changez de place les meubles si l’envie vous en prend et préparez-vous un joli petit nid.

Décorez votre intérieur, allumez une petite guirlande ou des bougies parfumées, installez des plaids, faites-vous des playlists sur Deezer et sortez vos livres préférés.

Prenez soin de vous

Profitez-en pour prendre soin de vous !

Vous n’avez jamais le temps pour un masque hydratant ou un gommage corporel, allez-y, faites-vous plaisir, chouchoutez-vous.

Ça fait du bien, ça détend, ça occupe, pourquoi hésiter ?

Élevez votre spiritualité

Ne serait-ce pas le moment ou jamais de s’exercer à vivre l’instant présent et à la pleine conscience ?

Prendre le temps de faire les choses (comme s’occuper de ses plantes, passer du temps avec ses animaux), une à la fois et en étant pleinement à ce que vous faites, c’est aussi simple que ça et ça fait du bien !

Saisissez-vous de ce moment suspendu dans le temps pour vous revenir à l’essentiel, vous recentrer sur vous-même, vous concentrez sur ce qui a du sens pour vous.

Tout est source d’apprentissage

Servez-vous de cette situation comme d’une expérience qui vous permet de mieux vous connaitre, de mettre en application les techniques de gestion de l’anxiété pour faire face de manière constructive.

Vous en ressortirez grandi.e et fier.e de vous, avec une meilleure maîtrise de votre anxiété.

Pas de pression !

Vous avez aussi complètement le droit de ne rien faire de tout cela, de vous reposer, de rester au lit si ça vous chante.

Ne vous sentez pas obligé.e d’optimiser ce temps à tout prix.

Nous sommes dans une société de la performance, il semblerait même que nous devions « réussir » notre confinement !

Ne culpabilisez pas si vous manquez d’entrain et que vous avez du mal à faire les choses, nous sommes tous affectés par ce que nous vivons et chacun a le droit de réagir à sa façon.

Des consultations en ligne ou par téléphone

Si vous avez besoin de l’aide d’un professionnel, sachez qu’ils restent disponibles.

De nombreuses initiatives ont été mises en place et notamment des consultations en ligne par les psychologues : certains proposent leurs rendez-vous par visioconférence à titre individuel mais il existe aussi de nombreuses plateformes.

Le mot de la fin

Pour terminer, j’ai envie de vous dire de voir le bon côté des choses et de rester optimistes : l’impact de cette pandémie a aussi du bon pour la planète et la nature (moins de pollution) et même si la situation financière et économique est mise à mal, il en ressortira peut-être des changements positifs.

Aussi, il n’y a qu’à voir l’inventivité des gens pour s’occuper et trouver des solutions à cette situation sur les réseaux sociaux, les initiatives et les élans d’entraide pour comprendre que les gens sont aussi capables du meilleur et de solidarité dans les coups durs, ça rassure tout de même un peu sur notre avenir et l’humanité, ne trouvez-vous pas ?

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