Il y a peu, j’ai écrit un article sur les différences entre psychiatre, psychologue, psychothérapeute et psychanalyste afin que vous connaissiez un peu mieux ces principaux praticiens des troubles psychiques.
Comme annoncé à la fin de cet article, je vais maintenant vous décrire les différents suivis que j’ai effectués afin de vous donner mon avis sur le professionnel qui me semble le plus adapté aux troubles anxieux.
Alors, qui consulter, quel médecin aller voir pour l’anxiété, comment choisir son thérapeute et lequel est le plus adapté aux troubles anxieux ?
Avant tout, je tiens à rappeler que ce n’est que mon avis, je ne suis pas là pour vous imposer quoi que ce soit ni vous interdire de consulter le professionnel que vous aviez envisagé bien entendu.
Nous sommes toutes et tous différents, et de la même manière qu’un thérapeute peut convenir à une personne et pas à une autre, le type de praticien que j’estime le plus efficace pour les troubles anxieux peut ne pas vous convenir.
Ceci étant dit, et comme vous allez le voir tout au long de cet article, j’ai une grande expérience dans le suivi thérapeutique et je pense pouvoir vous donner des conseils avisés
1. Psychanalyste
Ma toute première thérapie était de type analytique, elle a duré trois ans au cours desquels, à raison d’une séance d’une demi-heure par semaine, j’ai parlé de mon enfance et décrit mes rêves.
A l’époque, je ne connaissais pas la différence entre les divers « psys », et je ne savais pas non plus que je souffrais de troubles anxieux. C’est mon médecin généraliste qui m’avait conseillé d’aller consulter un professionnel de la santé mentale suite à un premier épisode dépressif marqué qui m’avait conduite à un arrêt de travail d’un mois.
Ces séances m’ont permis de « débroussailler » pas mal de choses en lien avec mon enfance et mon adolescence, ce qui est important pour comprendre certains blocages ou traumatismes. J’ai toujours été curieuse et j’ai un grand besoin de comprendre les choses c’est pourquoi cette méthode m’a intéressée dans un premier temps, car je voulais à tout prix connaître les causes de mon angoisse, pourquoi j’étais comme ça, qu’est-ce qui n’allait pas chez moi, etc… comme j’imagine que c’est le cas pour vous.
Malgré tout j’étais assez frustrée par le format (une demi-heure, c’est court !) et la posture du thérapeute (pour préciser, dans mon cas, il s’agissait d’une psychiatre d’orientation psychanalytique). En effet, le psychanalyste intervient extrêmement peu et ne donne aucune explication (sur notre fonctionnement, nos comportements ou nos pensées), il n’y a quasiment aucun échange verbal avec lui car le principe de ce type de suivi est l’expression de l’inconscient et la libre association d’idées par le patient.
C’est assez déstabilisant au début (je me sentais parfois ridicule à m’entendre parler), parfois agaçant (on aimerait une réaction, un peu de compassion !) et puis après un certain temps -plus de trois années tout de même -, j’ai estimé que je tournais un peu en rond et je ne voyais plus l’intérêt de continuer. Non pas parce que je n’avais plus de problèmes dans ma vie, mais parce que j’avais le sentiment que ces séances, qui par ailleurs me coutaient assez cher, ne m’apportaient plus rien. Après avoir évoqué mon passé, nous avons longuement exploré mes rêves – ou plutôt devrais-je dire mes cauchemars – mais je dois avouer que cela n’a pas été très instructif.
Ainsi, j’ai mis un terme à ces entrevues hebdomadaires sans trop m’émouvoir.
Mon médecin étant psychiatre, elle a plusieurs fois proposé de me prescrire un traitement mais cela m’effrayait beaucoup (quelque chose qui vient modifier mon cerveau, pas question !), j’avais toujours refusé de prendre des médicaments jusque-là (cela faisait déjà 5 ans que j’avais commencé à avoir des attaques de panique et troubles anxieux) et je ne voulais pas en entendre parler.
Je dois tout de même reconnaître que ce premier suivi a eu un impact très positif assez rapidement dans ma vie. Le fait de verbaliser mes craintes, d’exprimer à voix haute mes ressentis, mes doutes et mes questionnements, tout cela est thérapeutique et m’a donné un premier sentiment de reprise de contrôle sur ma vie.
Cela m’a également permis d’envisager certaines choses sous un autre angle et aussi de me voir différemment. Pour la petite histoire, à la suite de quelques séances et après avoir repris le travail, j’ai eu le courage de m’adresser au jeune homme qui me plaisait depuis plusieurs mois et nous avons entamé une belle relation qui a duré presque 8 ans !
2. Psychothérapeute
Comme je l’ai précisé, lorsque j’ai décidé d’arrêter le suivi avec ma psychiatre, je n’étais pas débarrassée de mes troubles anxieux et après une période d’accalmie et un début de relation idyllique avec mon nouveau compagnon, la prise de poste d’un véritable job (enfin !) et bien d’autres améliorations significatives dans ma vie, les troubles ont refait surface, ayant même pris un peu d’ampleur au passage.
Alors j’ai ressenti le besoin de reprendre un suivi psychologique et je me suis mise à la recherche d’un nouveau thérapeute. Ayant emménagé chez mon compagnon entretemps, je n’habitais plus dans le même secteur et j’ai choisi une thérapeute proche de mon nouveau domicile.
Il s’est avéré qu’elle était psychologue-psychothérapeute. Nous avons eu un bon feeling et elle m’a proposé une thérapie de type cognitive et comportementale. Je ne connaissais pas et j’ai trouvé l’approche intéressante et surtout adapté à mes problématiques.
J’ai tout de suite été emballée par nos échanges et surtout l’écoute active, la recherche de solutions concrètes, la présentation d’outils et les explications passionnantes de cette psychothérapeute. Grâce à elle, j’ai compris beaucoup de choses sur le phénomène de l’anxiété, les mécanismes, les manifestations mais aussi mon (dys)fonctionnement, mes pensées et mes comportements et surtout comment agir dessus. En quelques mois, j’ai beaucoup progressé sur la gestion de mes troubles et j’ai noté une diminution de leur impact sur ma vie.
J’ai alors pensé que j’étais tirée d’affaires, maintenant autonome et capable de faire face toute seule et j’ai stoppé mon suivi.
3. Psychiatre
Malheureusement pour moi, je n’étais pas « stabilisée », c’est-à-dire que les nouvelles habitudes que j’avais adoptées et qui m’étaient grandement bénéfiques étaient encore fragiles car il faut ensuite passer par une phase dite « de renforcement » afin de ne pas rechuter, ce qui fait que j’ai à nouveau été submergée par l’anxiété après quelque temps.
Cette fois-ci, les troubles étaient encore plus intenses et se sont étendus : je n’avais plus seulement un trouble d’anxiété généralisé mais aussi tout un tas de phobies (agoraphobie, claustrophobie, hypocondrie, peur de mourir, …) et mon trouble panique s’était renforcé.
Sur les recommandations d’une amie, je suis allée consulter chez une psychiatre comportementaliste. Elle a immédiatement préconisé un traitement médicamenteux, que j’ai à nouveau refusé (je prenais tout de même un demi anxiolytique de temps en temps à cette époque). Nous avons tenté de travailler à nouveau sur les troubles par l’exposition avec les méthodes de la thérapie cognitive et comportementale mais cela n’a rien donné car mon anxiété était devenue vraiment trop intense et permanente.
J’ai dû arrêter de travailler et petit à petit je n’ai plus réussi à rien faire, même rester chez moi était impossible si je n’étais pas en compagnie d’une personne rassurante.
Les manifestations sont devenues spectaculaires, avec des crises de tétanie finissant aux urgences, des attaques de panique de plus en plus violentes et ingérables, du matin jusqu’au soir, des problèmes de sommeil, d’appétit, de dépression, déréalisation et dépersonnalisation, et j’en passe.
J’ai alors été hospitalisée en clinique psychiatrique et prise en charge par une nouvelle psychiatre. Il m’a été administré à mon arrivée une armada de médicaments (antidépresseur, régulateur d’humeur, anxiolytique et somnifère, parfait !). Le suivi avec elle était particulier puisque je suis restée hospitalisée durant 6 mois. Je la voyais presque tous les jours du lundi au vendredi à raison de 10 à 30 minutes dans ma chambre. Elle était parmi les plus consciencieuses de la clinique, j’ai eu de la chance, elle a été plutôt à l’écoute mais son rôle était plus de faire le point sur le traitement, les effets, la posologie, mon état, mon humeur.
J’ai conservé le suivi avec elle après ma sortie puisque j’étais désormais sous traitement mais les séances étaient plus destinées à évaluer mon état de santé global que travailler sur mes difficultés liées aux troubles anxieux.
4. Psychologue « nouvelle vague » spécialisée en TCC
J’ai eu un suivi intéressant avec la psychologue de la clinique psychiatrique lors des deux séjours que j’ai effectués dans cet établissement mais je préfère vous parler du suivi qui m’a le plus aidée, celui qui m’a permis de surmonter mes troubles anxieux d’une manière incroyablement rapide mais aussi durable.
Après deux hospitalisations de 6 mois chacune et malgré avoir rencontré un nouveau compagnon extraordinaire qui m’a beaucoup aidée et soutenue, j’ai rechuté et j’ai été admise une dernière fois dans un service psychiatrique. Mais cette fois-ci, j’en suis ressortie au bout d’une petite semaine (de mon propre chef) et désormais accompagnée (à ma demande) par un nouveau psychiatre ainsi qu’une nouvelle psychologue spécialisée dans les thérapies dites « nouvelles vagues » dont fait partie notamment la TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale).
Nous avons entamé dans une relation de confiance mutuelle et d’engagement :
– d’une part un travail de restructuration cognitive afin que je retrouve un raisonnement objectif (non biaisé par des distorsions cognitives causées par l’anxiété dont je vous parlerai bientôt) et des pensées fonctionnelles (en opposition aux pensées dysfonctionnelles),
– d’autre part un travail sur mon comportement afin qu’il soit plus adapté à mes besoins et non plus dicté par la peur, ainsi que des stratégies d’adaptation et des techniques d’exposition pour apprendre à faire face et ne plus être dans l’évitement de ce qui fait peur,
– et enfin (ou plutôt en parallèle) sur mon fonctionnement, ou ce que l’on appelle mon schéma ainsi que les problématiques qui sont apparues une fois l’anxiété disparue (à savoir la confiance en soi, l’estime de soi, la peur d’échouer, l’affirmation, …).
Il est vrai que j’avais déjà effectué un sacré travail sur moi et que j’avais une bonne connaissance des mes troubles et de mon fonctionnement, mais aussi que je suis passionnée par la psychologie et le fonctionnement du cerveau humain, et tout cela a certainement contribué à l’efficacité de ma thérapie. Mais je reste à ce jour sidérée par l’impact de ce suivi sur ma vie : en QUELQUES SEMAINES mes attaques de panique ont disparu, rompant ainsi le cercle vicieux de la peur entraînant la peur et mettant fin par la même occasion à toutes mes autres phobies dans les mois qui ont suivi.
Je ne saurais vous décrire le bonheur que j’ai ressenti lorsque j’ai pu recommencer à sortir seule de chez moi, aller à un rdv, prendre le métro, sans que cela ne déclenche aucune crise d’angoisse. Cela a été une véritable renaissance, un retour dans le monde réel et le début de ma nouvelle vie.
Conclusion
J’ai eu envie de partager avec vous mes différentes expériences avec chaque type de thérapeutes afin que vous puissiez avoir une idée de ce que cela peut vous apporter. Bien entendu, cela reste très subjectif car nous sommes tou.te.s différent.e.s : nous n’avons pas tou.te.s les mêmes attentes d’un suivi thérapeutique ni le même niveau d’engagement (j’en parle dans l’article Le bon moment).
Il est certain que si vous avez besoin d’introspection et de chercher les causes de vos troubles anxieux, une psychanalyse sera plus adaptée. Si vous souhaitez soulager vos symptômes avant de commencer un travail sur vous (ma dernière thérapie a été aussi efficace et même juste possible parce que j’ai eu recours à une béquille médicamenteuse afin de pouvoir travailler sur moi), un psychiatre sera conseillé.
Mais si vous êtes prêt.e.s à vous engager dans un travail et que vous souhaitez vous débarrasser de vos troubles anxieux, qu’il s’agisse d’un trouble anxieux généralisé, d’un trouble panique, de phobies spécifiques, de TOC ou de troubles alimentaires, la TCC en alliance avec un bon psychologue spécialisé dans cette approche est pour moi vraiment le meilleur accompagnement pour vous.
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