Ces derniers temps, on parle beaucoup du soulagement que représente le déconfinement pour la plupart des gens. Mais pour les personnes anxieuses (dont je fais partie), cette étape peut être bien plus anxiogène.
Le confinement a bien sûr constitué une épreuve, une nouvelle réalité, rigide et brutale, qui a engendré de l’angoisse et à laquelle il a fallu s’habituer. Mais une fois la nouvelle intégrée, nous nous sommes habitué.e.s et beaucoup d’entre nous y ont même trouvé leur compte.
Bien à l’abri chez nous, cette période suspendue dans le temps, coupée des autres, sans obligations sociales ou autres sources de stress nous a paru finalement bien confortable, nous faisant presque oublier les aspects négatifs de cette situation.
Puis le 11 Mai est arrivé et nous voilà contraint.e.s de sortir de notre cocon, de brusquer à nouveau notre rythme de vie, de sommeil, reprendre le travail, les transports en commun, côtoyer du monde, risquer d’être contaminé.e.s, en somme nous confronter à tout ce qui peut nous être désagréable ou qui nous fait peur.
Il est donc bien naturel de ressentir beaucoup d’angoisse dans cette nouvelle situation.
Je vous propose dans cet article de comprendre pourquoi le confinement a pu nous paraître si confortable, quels ont été les aspects néfastes malgré tout, pourquoi le déconfinement semble plus effrayant et déclenche de l’anxiété et enfin comment réduire cette anxiété et retrouver son équilibre dans cette nouvelle situation.
1. Les “avantages” du confinement
Nous n’avons pas tou.te.s vécu le confinement de la même façon, selon nos conditions de vie, c’est-à-dire notre type logement (plus ou moins grand), notre environnement (avec ou sans extérieur, en pleine ville ou à la campagne), notre situation financière (maintien de salaire ou pas) et professionnelle (perte de travail, baisse d’activité, embauche différée), familiale (solitude, entente dans le couple, enfants), la maladie (contamination) ou encore la perte d’un proche….
Cependant, je ne pense pas me tromper en disant qu’une grande partie de la population (et particulièrement les personnes anxieuses) a partagé des expériences similaires :
- après la sidération, un soulagement, une sorte de libération : plus besoin de s’obliger à sortir, faire des choses que l’on apprécie moyennement, se dépêcher
- la douceur de se couper de la frénésie ambiante
- du temps pour se retrouver avec soi-même (ou ses proches), réfléchir sur soi, ses envies, ses aspirations (peut-être même décider de changements pour la suite)
- se reposer (se rendre compte qu’on était pas loin de l’épuisement) pour certain.e.s
- la possibilité de vivre à son rythme et sans pression
- la disparition des contraintes sociales
- la possibilité de communiquer avec ses proches quand on le souhaite (et non pas de manière imposée)
- un sentiment de cocooning, de refuge
- le calme, le silence
D’une manière générale, tout ce qui cause du stress et de l’anxiété au quotidien en temps normal a été supprimé au cours du confinement, ce qui a eu pour effet de reposer notre corps et notre esprit tellement sollicités habituellement.
D’autre part, pour soulager l’anxiété, nous avons besoin de tout contrôler : ce qui était parfaitement possible durant le confinement. Nous pouvions ne pas sortir si cela nous était trop anxiogène, nous avions de bonnes raisons (et de bonnes excuses) de ne pas nous confronter à ce qui nous effraie, nous nous sommes finalement retrouvé.e.s dans une certaine zone de confort tout à fait convenable.
C’est donc tout à fait normal que le déconfinement, qui vient bousculer toutes ces habitudes apaisantes et qui apporte son lot d’incertitudes, semble plus effrayant que le confinement !
2. Les effets néfastes du confinement
Malgré tout, il est important de prendre conscience que ce mode de vie confiné, les habitudes et les comportements qui l’accompagnent, bien que confortables, présentent des aspects négatifs.
Vous pouvez avoir l’impression que vous étiez drôlement bien chez vous et vous auriez aimé y rester pour toujours mais n’oubliez pas que cela peut être néfaste dans le temps :
- les sorties, les loisirs, les interactions sociales sont indispensables à l’équilibre de tout un chacun (ils nous procurent un sentiment d’utilité et nous font nous sentir vivant.e.s)
- l’absence d’activité physique peut entraîner des douleurs, une dégradation de la santé (on sait combien la marche est essentielle à notre bien-être)
- le manque de cadre, l’absence d’obligations peuvent devenir néfastes à long terme : on peut tomber dans la procrastination, perdre de vue ses objectifs, manquer de motivation pour réaliser ses rêves ou atteindre les buts que l’on se fixe
- celles.ceux qui n’ont pas forcément eu l’envie ou l’énergie d’ ”utiliser” cette opportunité créée par le confinement pour réfléchir sur soi et/ou le monde d’après, apprendre de nouvelles choses, prendre soin de ses proches, peuvent ressentir de la culpabilité
- vivre toute la journée au même endroit peut poser problème (par exemple, en travaillant à domicile, il peut être difficile de couper avec la vie professionnelle), on ressent le besoin de changer d’air
- on peut ressentir une certaine confusion entre les différents jours de la semaine et petit à petit décaler notre rythme de sommeil avec des heures de coucher (et donc de lever) de plus en plus tardives, ce qui peut nuire à notre équilibre et notre bien-être
- vous aurez certainement constaté également une désorganisation de vos habitudes alimentaires, comme manger à des heures inhabituelles ou grignoter, que ce soit par une perte de repères, l’ennui ou un petit plaisir qui devient une habitude
Pour finir, je dirais que l’aspect le plus néfaste au confinement, c’est qu’il nous maintient dans l’évitement d’un bon nombre de choses qui peuvent nous faire peur ou nous être désagréable en temps normal, et cela contribue à renforcer nos peurs, à nous faire perdre l’habitude de nous confronter et ainsi redouter le moment où l’on va devoir ressortir et s’exposer à nouveau.
3. Pourquoi le déconfinement déclenche tant d’anxiété ?
Le déconfinement signifie que l’on va pouvoir circuler à nouveau librement mais aussi, dans certains cas, que l’on va devoir sortir, et cela peut être très effrayant pour de nombreuses raisons :
La peur de l’extérieur
Après plusieurs semaines passées chez soi, la dangerosité du monde extérieur (déjà présente en temps “normal” pour les personnes anxieuses) est perçue de manière accrue. Cela s’explique par la perte d’habitude de se confronter à l’extérieur ainsi qu’à la présence d’un risque bien réel de contracter le virus.
La peur d’être contaminé.e, des microbes
Le déconfinement n’est pas synonyme de la fin du virus. Il serait donc étonnant de ne pas ressentir d’anxiété alors que l’épidémie et le risque d’être contaminé.e est toujours présent et que l’on va justement devoir aller à l’extérieur. Si vous craignez habituellement les microbes et les maladies, cette peur peut être exacerbée en ce moment.
L’angoisse de l’exposition
La fin du confinement n’est pas non plus synonyme de retour à notre mode de vie d’avant l’épidémie. Les sorties s’accompagnent de la contrainte des gestes barrières, d’attente pour faire ses courses, d’un stress supplémentaire dans les transports en commun ou les lieux très fréquentés, qui ne facilitent pas les choses.
Des consignes moins claires
Pour le confinement, pas de problème, il suffisait de rester chez soi et de se munir de son attestation en respectant les gestes barrières si d’aventure on se risquait à l’extérieur. A l’heure du déconfinement, c’est plus confus, on ne sait pas avec exactitude ce que l’on peut/doit faire, ni comment (comme pour le retour des enfants à l’école par exemple).
La crainte du déconfinement VS celle de l’enfermement
Dans un cas, nous sommes dans un lieu sécurisé où tout est sous contrôle, dans lequel on se sent protégé.e, à l’abri. Dans l’autre, nous nous exposons à nos peurs, nous sommes dans l’incapacité de tout maîtriser. C’est ce que l’on appelle le syndrome de la cabane, c’est-à-dire la peur de quitter notre cocon.
L’incertitude
L’incertitude face à l’avenir (que ce soit la possibilité de partir en vacances cet été comme les répercussions plus globales de cette épidémie) est très difficile à supporter pour le système nerveux humain car nous avons besoin de maîtriser notre environnement. Cela crée beaucoup d’angoisse et de stress. Bien que cette incertitude était déjà présente durant le confinement, le déconfinement fait l’effet d’un retour à la réalité et rend ces problématiques plus concrètes et donc plus anxiogènes.
Le port du masque
Détail qui a son importance à mes yeux, le port du masque peut être assez anxiogène, que ce soit le fait de voir les gens masqués (qui participe à un climat de peur, de méfiance et nous rappelle la présence du virus à chaque instant), comme d’en porter un soi-même (N’est-ce pas un peu oppressant ? Peu esthétique ?)
L’anxiété sociale et la culpabilité
Qui dit déconfinement dit retourner travailler pour certain.e.s et dans tous les cas retrouver une vie sociale. On peut avoir pris goût à l’isolement lorsqu’il a été bénéfique et avoir du mal à envisager de reprendre une vie sociale lorsque cela était déjà une souffrance avant l’épisode confinement. Lorsque l’on est sollicité.e par nos amis ou notre famille, nous pouvons ressentir une certaine culpabilité à ne pas avoir envie de les revoir. Nous verrons comment faire dans le paragraphe suivant.
4. Comment procéder pour réduire l’anxiété liée au déconfinement
Auriez-vous pensé, au tout début du confinement, que vous vous seriez finalement senti.e mieux en restant chez vous ?
Nous nous sommes adapté.e.s aux événements, nous avons trouvé des moyens de gérer nos peurs, de faire avec cette situation inédite, et sans le savoir, nous avons fait preuve d’une certaine flexibilité psychologique et d’auto-contrôle.
Bien souvent, ce qui paraît inenvisageable se révèle plus simple à gérer en réalité, il est donc tout à fait possible, comme lors de l’arrivée de l’épidémie et du confinement, de faire face à ces nouvelles conditions de vie.
Attention aux médias et aux réseaux sociaux
Comme conseillé au début du covid et du confinement, mieux vaut limiter les informations et ne pas passer ses journées à recueillir trop de nouvelles sur l’évolution du virus et de la situation, notamment sur les réseaux sociaux où les sources ne sont pas toujours fiables et qui sont très anxiogènes.
L’anticipation négative
Le propre de l’anxiété est de nous plonger dans un état d’hyper-vigilance qui engendre une forte appréhension des événements à venir appelée l’anticipation négative. Elle nous pousse à envisager les scénarios les plus négatifs ou catastrophiques avant même de nous être confronté.e.s aux situations.
La situation actuelle n’échappe pas à la règle : tant que nous ne remettons pas le nez dehors, que nous ne nous confrontons pas à la réalité, au nouveau mode de vie à l’extérieur, nous imaginons le pire et nous renforçons notre peur sur des éléments qui ne sont pas réellement tangibles.
L’acceptation
Comme pour les émotions ou sensations désagréables qui accompagnent l’anxiété, il va falloir faire preuve de courage et être dans l’acceptation : accepter la situation, accepter de devoir vivre avec cette épidémie, de ne pas tout maîtriser, accepter la peur qui en découle.
Aussi, concentrez-vous sur les solutions, les moyens que vous avez pour faire face et vivre au mieux cette période, sur les choses sur lesquelles vous avez du pouvoir, comme les moyens de protection, les mesures barrières, de nouvelles habitudes de vie pour organiser vos sorties, … Tout ce qui vous permettra de vous sentir le plus en sécurité possible malgré les circonstances.
Tenez compte de votre sensibilité
L’anxiété est souvent liée à un tempérament hypersensible, c’est-à-dire une grande sensibilité aux émotions mais aussi aux stimulis. Durant le confinement, nous avons subi moins de stimulis, il est donc normal d’appréhender le retour à une vie qui va à nouveau stimuler énormément nos sens.
D’où l’importance d’y aller en douceur, de se réhabituer à autant de bruit, autant de monde (je suis bien placée pour vous en parler, habitant en plein centre d’une grande ville particulièrement bruyante et agressive) petit à petit et selon ce qui vous est supportable afin de ne pas ajouter à votre surcharge émotionnelle.
La confrontation, l’exposition
Pour “exorciser” vos peurs et diminuer l’emprise de votre anxiété, il est primordial de vous confronter à cette peur de sortir de chez vous. Il est nécessaire de vous approprier la situation en ressortant, de vérifier par vous-même que ce n’est pas si terrible, pas si dangereux, d’en reprendre l’habitude.
Pour cela, procéder par étape, sans vous mettre en difficulté :
– allez-y progressivement (comme toujours avec l’anxiété), par petits défis, en sortant d’abord une demi-heure, pour une petite course, puis une heure, avec un.e ami.e, un après-midi pour aller faire une balade dans un endroit calme et pas trop fréquenté, etc…
– ré-habituez-vous tranquillement, reprenez vos marques à l’extérieur
– appliquez les gestes barrières et prenez les précautions nécessaires qui vont vous aider à vous rassurer lorsque vous serez dehors ou en contact avec d’autres personnes
Rappelez-vous les capacités d’adaptation de l’être humain (donc de vous-mêmes !), que cela demande un petit temps, comme pour le confinement, mais que vous y arriverez.
Adaptez votre mode de vie
Si vous vous êtes rendu.e compte que vous étiez mieux seul.e, vous n’êtes pas obligé.e de reprendre une vie sociale trop intense qui ne vous correspond pas.
N’ayez pas peur d’expliquer à votre entourage que vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée d’une proximité trop importante pour l’instant afin de ne pas vous forcer à des moments ensemble qui vous seraient pénibles et anxiogènes.
Dans la mesure du possible, restez à l’écoute de vos besoins et adoptez le mode de vie qui vous convient le mieux (auquel vous avez peut-être réfléchi au cours des dernières semaines) afin d’être serein.e et pouvoir vous épanouir.
Conclusion
Pour beaucoup, le confinement semblait représenter au départ une épreuve insurmontable, et s’est révélé être une expérience, si ce n’est agréable, tout du moins enrichissante.
Entre prise de conscience, repos, recentrage sur ce qui est important, réflexion, adaptation, on a tou.te.s appris, tiré un enseignement de cette situation, trouvé du sens et des moyens de nous accommoder à la situation.
Chaque événement est l’occasion d’apprendre, sur la vie mais aussi sur nous-mêmes, peut nous permettre d’évoluer, d’avancer et contribué à nous faire prendre confiance en nous et nos capacités.
Faites-vous confiance et abordez cette nouvelle étape avec sérénité, vous pourrez être surpris.e de la facilité avec laquelle vous allez franchir ce cap !
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