Parce que vous en avez entendu parler ou parce que votre médecin vous l’a indiqué, et surtout parce que vous voudriez que ça cesse, vous êtes nombreux.ses à vous demander si vous devez franchir le cap et prendre des médicaments pour soigner votre anxiété.
En effet, quoi de plus tentant que de se sentir détendu.e rapidement et sans effort ? D’un autre côté, ingérer une molécule qui agit sur notre cerveau, qui crée peut-être une dépendance, qui a peut-être des effets secondaires, tout de suite, on n’a moins envie.
Alors, que faire, traitement ou pas traitement ? Je vous donne, à partir de mon vécu, des éléments de réponse dans cet article.
Quels médicaments pour l’anxiété ?
Précisons déjà de quel type de traitement nous parlons. En général, pour les troubles anxieux, on peut se voir proposer des antidépresseurs, des anxiolytiques (et parfois des somnifères). Ce sont les médicaments allopathiques (nous parlons ici de médecine classique) les plus utilisés, que ce soit pour l’anxiété généralisée, la phobie sociale ou les attaques de paniques (pour les TOC je ne peux pas vous dire car je ne suis pas concernée).
Les antidépresseurs
Vous le savez certainement, les antidépresseurs permettent de pallier au manque de sérotonine dans notre cerveau et nous aident à retrouver une meilleure humeur.
Je ne vous décrirai pas ici en détail comment ils fonctionnent ni les différents types d’antidépresseurs qui existent, cela aurait peu d’intérêt car vous trouverez déjà de nombreux articles très bien faits sur ce sujet.
Lorsque l’on souffre de troubles anxieux, nous ne sommes pas forcément dépressif.ve mais l’humeur est souvent affectée par l’anxiété qui puise dans nos ressources et nous épuise physiquement et psychologiquement par la même occasion. Pour pouvoir faire face à cet état d’épuisement et cette baisse de moral et lorsqu’ils deviennent trop importants, l’antidépresseur peut être nécessaire. Il nous aide à retrouver de l’énergie pour mener à bien votre quotidien mais aussi à être dans de meilleures dispositions pour faire un travail en psychothérapie par exemple.
Par ailleurs, pour les personnes qui subissent des attaques de panique, l’antidépresseur (l’Effexor alias Venlafaxine, pour être plus précise) a également une action anxiolytique qui va contribuer à diminuer les crises. C’est l’antidépresseur que l’on m’a administré lors de ma première hospitalisation et que j’ai pris durant plusieurs années.
Les anxiolytiques
Lexomil, Xanax, Valium, Lysanxia, Seresta, Atarax… ces noms vous disent quelque chose ? Ce sont les fameux anxiolytiques, pour la plupart de la famille des Benzodiazépines. Ils nous sont très souvent proposés par notre médecin généraliste ou les psychiatres.
Leur action est en effet assez efficace et très rapide puisqu’on se sent plus détendu.e en quelques minutes. Certains ont un effet plus sédatif que d’autres (cela dépend également des personnes), il peut arriver que l’on se sente vaseux.se après la prise d’un de ces médicaments.
Les somnifères
Dans les cas d’anxiété intense ou les périodes particulièrement stressantes, on peut avoir du mal à trouver le sommeil, être réveillé.e dans la nuit par nos angoisses ou carrément faire des insomnies (n’hésitez pas à lire cet article sur l’insomnie, je vous y donne quelques conseils).
Si ces troubles du sommeil persistent, on peut avoir besoin de recourir à un somnifère afin de casser le cercle infernal des mauvaises nuits (qui accentuent ensuite l’anxiété en journée).
Il faut veillez à ne pas prendre des somnifère trop longtemps (pas plus de quelques semaines), le mieux étant d’y recourir ponctuellement, juste deux ou trois soirs, le temps de retrouver un endormissement ou des nuits plus acceptables, ou encore si vous avez un rendez-vous important et de bonne heure le lendemain.
Les pour et les contre de ces traitements
J’ai pendant longtemps refusé catégoriquement de prendre des traitements pour l’anxiété car je voulais d’une part être capable de gérer toute seule, d’autre part, l’idée d’un médicament ayant un effet sur mon cerveau ne me séduisait guère, voire m’effrayait carrément, comme si je n’allais plus être moi-même. On remarque ici le besoin de contrôle que l’on a quand on est anxieux.se !
Bon, catégoriquement est un bien grand mot finalement car j’ai pris certains médicaments, qu’étrangement je n’avais pas associés à des « traitements psy » : du Lexomil (un quart seulement) et du Lysanxia (toujours par moitié), mais de manière très très ponctuelle (genre 2 fois par an).
Mais lorsque j’ai été admise en clinique psychiatrique, dix ans après le début de mes troubles anxieux, j’ai reçu tout une ribambelle de médicaments : antidépresseur et anxiolytiques (plusieurs fois par jour) bien sûr, mais aussi somnifère et … thymorégulateur (régulateur d’humeur). Pour quelqu’un qui ne voulait pas de traitement, ça a été un peu rude. Zombifiée les premiers temps, j’ai ensuite découvert les joies des effets secondaires et indésirables de toutes ces petites pilules.
Certaines molécules ne me convenant pas ou en raison de l’accoutumance, j’ai changé et testé de nombreux médicaments au cours de mes hospitalisations : toutes sortes d’anxiolytiques, plusieurs régulateurs d’humeur (qui sont parfois administrés aussi comme antidépresseur), et même des neuroleptiques (antipsychotiques) C’est pourquoi je peux vous parler aujourd’hui de ces traitements et vous donner mon avis.
Les pour : pourquoi et dans quel cas est-il nécessaire de prendre un traitement pour l’anxiété ?
L’apparition des manifestations anxieuses
Lorsque mes troubles ont commencé, en l’occurrence de fortes attaques de panique, je n’ai pas voulu prendre de médicaments car, comme je vous l’ai dit, je tenais à maîtriser ce phénomène par moi-même. J’avais le sentiment que prendre quelque chose pour aller mieux n’était pas une solution et qu’il fallait absolument que je parvienne à faire disparaître l’anxiété toute seule.
Mais à l’époque, je n’avais aucun moyen de faire face à ces crises intenses de peur, et le fait de ne pas avoir pris de médication pour m’aider à les supporter n’a fait qu’accentuer leur intensité, leur fréquence et renforcer ma peur d’en avoir (la peur de la peur, ça vous dit quelque chose ?).
Je me suis rendu compte par la suite que si j’avais enrayé ce processus dès le début, les crises ne se seraient peut-être pas installées de manière chronique et je n’aurais peut-être pas développé ce trouble panique qui a duré plus de 10 ans.
Voilà déjà un premier cas de figure dans lequel il peut être judicieux pour calmer l’anxiété de recourir, toujours ponctuellement et sur une courte période, aux médicaments (ici des anxiolytiques).
L’épuisement dû à l’anxiété
Lorsque l’on ne soigne pas ses troubles anxieux (parce que l’on n’a pas encore identifié que l’on en souffre par exemple, ou que l’on pense que ça va disparaître comme c’est apparu), on finit immanquablement par être épuisé.e et avoir le moral en berne. Il est alors difficile d’entamer un processus de guérison, qui passe généralement par un travail sur soi (notamment en psychothérapie) alors que l’on est en bout de course et que l’on n’a plus l’énergie ni l’espoir de se sortir de l’anxiété.
A ce moment-là aussi, il est pertinent (voire parfois indispensable) de se remettre sur pieds avec l’aide d’un antidépresseur, sans quoi il est impossible de mettre en place les choses qui nous permettraient d’aller mieux. Il faut voir le traitement comme une béquille, une aide ponctuelle le temps d’aller mieux.
C’est grâce à cet appui médicamenteux que j’ai moi-même pu m’impliquer et m’investir dans mon parcours de soin et me libérer totalement de l’anxiété.
Les problèmes de sommeil à cause de l’anxiété
De la même façon, bien qu’il ne soit pas agréable de prendre des médicaments pour dormir, il est beaucoup moins néfaste d’y recourir en cas de troubles du sommeil importants que se passer de nuits réparatrices. Là encore, il faut être prudent.e et faire attention à ne pas en prendre trop longtemps, mais je pense que vous savez à quel point le sommeil est essentiel à notre équilibre et notre bien-être, plus encore lorsqu’on est anxieux.se.
Résumons : dans quels cas est-il pertinent de prendre un traitement pour l’anxiété ?
– afin de ne pas laisser s’installer les manifestations anxieuses et éviter le développement d’un trouble
– pour ne pas tomber dans la dépression et pouvoir effectuer le travail personnel nécessaire pour soigner l’anxiété
– en cas de problèmes du sommeil persistants qui nuiraient à votre qualité de vie
Les contre : quels sont les risques des traitements pour l’anxiété ?
Alors bien sûr, il y a aussi des aspects négatifs à la prise de ces traitements pour l’anxiété. Bien que chacun.e réagisse différemment aux médicaments et en prenant en compte que je suis très sensibles aux molécules (et dont sujettes aux complications), voici quelques mises en garde, suite à mon vécu, à connaître avant de vous décider à prendre un traitement.
Le début du traitement
Concernant les anxiolytiques et les somnifères, mise à part un effet trop fort ou trop faible du médicament, qui signifiera que vous devrez passer à une dose moindre ou plus élevée ou bien changer de molécule, vous n’aurez pas de trop mauvaise surprise lors des premières prises.
En revanche, il faut être particulièrement prudent.e lorsque vous commencez la prise d’un antidépresseur : il faut savoir que les deux premières semaines peuvent être difficiles. Pas dans tous les cas ni pour tout le monde. Mais gardez à l’esprit que les antidépresseurs peuvent augmenter temporairement votre anxiété et/ou provoquer un état dépressif (pouvant aller jusqu’aux idées suicidaires). C’est pourquoi, sans tomber dans la paranoïa (ni lire l’intégralité des notices des médicaments), soyez vigilant.e si vous vous sentez moins bien dans les premières semaines et signalez votre état à votre médecin.
Les effets secondaires et/ou indésirables des traitements pour l’anxiété
Qui dit efficacité, dit impact sur l’organisme, sans quoi on aurait à faire à un placebo n’est-ce pas ?
Alors oui, les antidépresseurs, les anxiolytiques et les somnifères présentent des risques et des effets secondaires ou indésirables.
– la prise de poids… l’explication du personnel soignant sera que « ça ouvre l’appétit » mais le fait est que les médicaments (je parle ici des antidépresseurs et régulateurs d’humeur) modifient votre métabolisme et même si vous faites attention à ne pas manger plus pendant la prise de votre traitement, il est possible que vous preniez du poids. Attention, je ne dis pas que c’est une fatalité, et tout dépend de votre métabolisme de base, du médicament que vous allez prendre et aussi de la posologie (une petite dose aura moins de chance de vous faire grossir), sachez juste que ça peut arriver, que votre corps peut changer. Pour la petite histoire, j’ai pris 10 kilos sous Xeroquel (reperdus depuis ne vous inquiétez pas 🙂 )
– la transpiration excessive : la prise de traitement impacte votre organisme et notamment les glandes sudoripares (qui régulent la sudation). Tout le monde n’est pas concerné je vous rassure, mais vous pouvez constater une plus grande propension à transpirer qu’habituellement
– des trouble de la mémoire et de la concentration
– la sécheresse des muqueuses
– la constipation
– la perte de libido
La dépendance
La plupart des anxiolytiques et des somnifères (Imovane, Stilnox, Noctamide, Mogadon) qui sont le plus souvent prescrits sont de la famille (ou apparentés) des Benzodiazépines. Or ces médicaments deviennent très rapidement addictifs et créent une forte dépendance car l’accoutumance pousse à augmenter les doses au fil du temps. Il est alors très difficile de s’en passer mais aussi d’arrêter les prises.
L’antidépresseur, lorsque l’on a trouvé la bonne posologie, requiert plus rarement une augmentation de la dose et présente moins cette habituation caractéristiques des benzodiazépines, cependant il est assez difficile d’en stopper la prise, ce qui m’amène au point suivant.
Le sevrage
L’arrêt des traitements pour l’anxiété n’est pas une mince affaire. Les effets de sevrage sont ni plus ni moins similaires à ceux d’une drogue récréative, avec les douleurs psychiques mais aussi physiques qui l’accompagnent. A titre personnel, je prends de l’Effexor depuis 2014 – dont une période à la dose maximale (3 gélules de 75mg/jour)-. Cela fait deux ans que j’ai entamé le sevrage et que je diminue les prises, très doucement et avec des phases de stabilisation assez longue entre chaque baisse. A chaque fois, les effets sont assez marqués, j’ai des courbatures, des maux de tête, des raideurs dans la nuque, des vertiges et une recrudescence des angoisses. Tout cela finit par passer, mais c’est tout de même assez compliqué et ça prend beaucoup de temps.
Important :
Dans tous les cas, quelque soit votre résistance aux traitements, la molécule que vous prenez, la durée ou la quantité, n’arrêtez jamais votre antidépresseur du jour au lendemain !
Conclusion
J’espère ne pas vous avoir effrayé.e en partageant avec vous mon expérience et mon avis sur les traitements médicamenteux pour l’anxiété et j’espère que vous saurez prendre votre décision plus sereinement grâce à cet article.
Je le répète, nous sommes tou.te.s différent.e.s et nous réagissons tou.te.s différemment face aux médicaments. Vous ne rencontrerez peut-être pas les mêmes difficultés que moi et l’idée n’est pas de vous dissuader de prendre un traitement.
Cependant, je pense qu’il est important de savoir quels sont les avantages mais aussi les risques et les inconvénients des médicaments. J’aurais aimé pour ma part être mieux informée et c’est pourquoi je vous livre ces informations aujourd’hui.
Dans un prochain article, j’aborderais bien entendu les autres médications possibles pour l’anxiété, comme l’homéopathie, les plantes, les huiles essentielles, mais aussi les probiotiques, la luminothérapie et bien d’autres solutions plus naturelles !
Cet article vous a plu ? D’autres sujets peuvent vous intéresser :
- Qui consulter pour l’anxiété ?
- Quelles sont les différences entre psychologue, psychothérapeute, psychanalyste et psychiatre ?
- Comment expliquer l’anxiété à notre entourage ?
N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions au sujet de cet article ou à me laisser un commentaire si vous le souhaitez, je serais ravie de vous lire.
N’oubliez pas de consulter la Boîte à outils et de vous inscrire à la newsletter pour être informé.e des nouveaux articles et recevoir votre guide offert contenant 10 conseils pour surmonter l’anxiété !
Pierre-Michel GRANGE dit
Voici un exposé clair et complet sur ce thème. Je comprends mieux les enjeux de ces thérapies.