L’anxiété n’est pas un simple stress et va bien au-delà de l’inquiétude “basique” que tout le monde peut ressentir à un moment ou un autre de son existence.
C’est une véritable souffrance psychologique qui plonge les personnes qui en sont atteintes dans une grande détresse et qui peut avoir des répercussions très invalidantes dans la vie de tous les jours.
Surmonter ses peurs et se libérer des troubles anxieux est un travail de longue haleine, qui demande beaucoup d’investissement et au cours duquel le soutien de notre entourage est essentiel.
Cependant, les idées reçues sur l’anxiété sont nombreuses et il n’est pas rare que nos proches aient du mal à comprendre ce que nous vivons et à adopter l’attitude que l’on attend d’eux.
Ne leur jetez pas la pierre : tant que l’on n’a pas vécu l’anxiété, il est très difficile d’en saisir l’intensité et le désarroi qu’elle provoque. Peut-être même que vous aussi, vous ne la compreniez pas avant d’être touché.e personnellement ?
C’est pourquoi je vous propose, dans cet article, de vous aider à expliquer à vos proches ce qu’est l’anxiété, ainsi que ce qu’ils peuvent faire pour vous aider et ce qu’ils doivent éviter pour ne pas vous faire sentir encore plus mal.
1. L’importance de l’entourage
Lorsque mes troubles anxieux sont apparus, sous forme d’attaques de panique (qui sont assez spectaculaires et traumatisantes), je ne savais pas ce qui m’arrivait, et mon entourage non plus. C’était il y a pas loin de 20 ans, nous n’avions pas encore autant d’informations à disposition sur internet et les troubles anxieux étaient encore très méconnus.
Pendant de très nombreuses années, ne sachant pas de quoi je souffrais, je me suis sentie “inadaptée”, “inapte”, “incapable”, je me trouvais moins bien que tout le monde et surtout je ne comprenais pas pourquoi la vie était si difficile et si complexe pour moi.
Mes proches me faisaient d’ailleurs souvent remarquer que j’étais “compliquée”, “trop sensible”, “trop cérébrale”, et ne comprenaient pas non plus mon état et mon comportement.
Bien qu’ils aient essayé de m’aider, d’être présents, je sentais qu’ils me trouvaient “bizarre” et que sur la durée, mes peurs et mes crises d’angoisse leur devenaient de plus en plus incompréhensibles voire pénibles…
Au fil du temps, mes troubles se sont diversifiés et aggravés. J’ai commencé à développer un véritable trouble panique, accompagné d’agoraphobie et autres phobies, qui m’ont amenée à l’épuisement et ainsi à des épisodes dépressifs.
Durant cette période et pendant presque 8 ans, j’ai bénéficié du soutien compréhensif et de l’accompagnement de mon ex-compagnon et de sa famille, qui ont toujours été là pour moi et m’ont procuré une grande sécurité affective. Cela a été d’une grande aide et m’a aidé, pour un temps, à aller mieux, à retrouver une vie presque “normale”.
Mais les troubles ont repris de plus belle jusqu’à l’hospitalisation en clinique psychiatrique. Lors de mon premier séjour, j’étais très soutenue, j’avais beaucoup de visites, et cela a été très réconfortant, malgré la désagréable sensation d’être étiquetée “malade mentale” auprès de toute ma famille…
La deuxième fois, j’étais très seule, je n’avais plus ce soutien et j’ai recommencé à penser que tout était de ma faute, que je ne valais rien et que je n’étais pas capable de mener ma vie convenablement, comme tout le monde.
Il a fallu que je rencontre mon compagnon actuel et qu’il m’explique qu’au contraire il me trouvait extraordinairement courageuse pour que je vois les choses autrement, que je me vois autrement et que je prenne conscience de ma combativité et du fait que ce n’était pas de ma faute si mon quotidien était si difficile.
L’attitude bienveillante et le soutien inconditionnel de mon compagnon ont été primordiaux dans mon rétablissement des troubles anxieux. Mais je crois que c’est essentiellement sa compréhension de ce que je vivais qui m’a le plus aidée. Qu’il ne soit pas dans le jugement, qu’il cherche à comprendre ce que je ressentais et qu’il m’explique que ce n’était pas moi le problème mais bien les troubles dont je souffrais.
Pourquoi est-ce si difficile de faire comprendre ce que l’on vit ?
2.1 Les idées reçues sur les personnes anxieuses
Il se trouve que tout le monde ressent à un moment de l’angoisse et de l’anxiété. Ce qui crée l’incompréhension de notre souffrance et engendre les idées reçues, c’est que la plupart des gens ne sont pas conscients de la différence entre un simple stress et un trouble anxieux.
Voilà pourquoi nous entendons souvent des phrases comme :
- “ Je ne comprends pas pourquoi tu t’angoisses comme ça. “
- “ Moi aussi parfois je suis angoissé, je ne me mets pas dans cet état là. “
- “ Détend toi, ça va passer. “
Par ailleurs, comme je le précisais en introduction, il est assez difficile de comprendre une situation à laquelle nous n’avons jamais été confronté.e.s. C’est ainsi pour tout le monde.
Certaines personnes font preuve de plus d’empathie que d’autres bien sûr, mais souvent, concernant l’anxiété, nous sommes victimes de forts préjugés.
Ainsi, les personnes non-anxieuses peuvent trouver nos réactions pesantes voire ridicules et nous juger névrosé.e.s ou faibles…
2.2 Ce que nous vivons en réalité
Pour que notre entourage soit à même de nous comprendre et nous aider, il est nécessaire tout d’abord d’expliquer ce que nous vivons.
Nombreux aussi sont ceux qui aimeraient comprendre ce qui nous arrive et se sentent impuissants.
Voici ce que vous pouvez leur dire (ou leur faire lire) :
- l’anxiété va bien au-delà de la simple inquiétude ou du stress que l’on peut ressentir avant de passer un examen, ce n’est tout simplement pas comparable : c’est une véritable pathologie, sévère et envahissante
- il s’agit d’un dérèglement du cerveau qui est en hyper-vigilance et déclenche malgré nous les réactions de peur, de manière intempestive, dans des situations qui ne le nécessite pas
- la peur est l’émotion la plus difficile à gérer car elle est la plus ancienne, c’est celle qui est responsable de la survie de l’espèce humaine c’est pourquoi il est très compliqué d’enrayer une crise de panique lorsque les mécanismes de peurs sont enclenchés
- les manifestations physiques sont nombreuses, violentes, intrusives et, bien que bénignes, très difficiles à supporter quotidiennement
- nous ressentons une sensation de perte de contrôle totale, très effrayante, qui peut s’accompagner d’une impression de perdre le contact avec la réalité, la vie et de devenir fou.folle ou encore de mourir
- l’anxiété vient filtrer notre rapport global au monde qui nous entoure, notre perception des événements et des gens, elle s’infiltre dans notre tête et biaise notre raisonnement
- il ne suffit pas de se dire que c’est juste un peu d’angoisse, il est très difficile de modifier les automatismes puissants de la peur car il s’agit de croyances profondes, ancrées dans notre cerveau, qui nécessitent une restructuration cognitive (un long travail qui s’effectue en thérapie)
- nous avons conscience que nos peurs sont irrationnelles mais ce n’est pas plus facile pour autant de nous en détacher : une peur irrationnelle et qui peut paraître dérisoire n’en est pas moins réelle pour notre esprit et est très difficile à affronter
- l’anxiété entraîne une perte de confiance en soi, en nos capacités, une dévalorisation et souvent une dépendance affective
N’hésitez pas à décrire ce que vous ressentez, ce qui vous arrive et ce que vous attendez de vos proches : certain.e.s d’entre vous auront peut-être besoin de parler ou qu’on leur parle au moment de la crise, d’autres préféreront s’isoler et “débriefer” ensuite…
Parfois, notamment lors des premières manifestations fortes de l’anxiété, il peut être difficile de mettre des mots sur ce que l’on vient de vivre. Vous trouverez ici quelques témoignages pour vous inspirer.
3. Conseils pour l’entourage
Comme vous l’avez constaté par vous-même ou à la lecture des premiers paragraphes, le rôle de l’entourage est très important dans le parcours de rétablissement des troubles anxieux.
Voici ce que vous pouvez demander aux personnes qui vivent avec vous ou vous entourent pour vous aider :
- vous prendre au sérieux
- faire preuve de patience et de compréhension
- être à votre écoute, être disponible pour vous
- avoir de l’empathie (rappelez-vous une situation où vous-même avez ressenti une forte peur)
- vous soutenir et vous réconforter
- vous accompagner (parfois physiquement, pour aller à un rendez-vous par exemple, ou pour vous exposer à ce qui vous fait peur)
- vous encourager (lors de vos petites victoires comme à vous soigner)
- vous aider à utiliser les techniques pour calmer l’anxiété (respirations, distraction, acceptation…)
- vous faire un massage !!! cela fait énormément de bien et soulage les tensions causées par l’anxiété
- passer le relais aux professionnels de santé
- participer à des groupes d’entraide
Ce qu’ils doivent éviter absolument :
- se montrer critique
- se moquer
- vous faire des reproches
- vous faire remarquer que votre peur est irrationnelle
- vous juger
- vous forcer à affronter quelque chose qui vous fait peur
- insister lorsque la peur est trop intense
- cautionner votre évitement et trop vous protéger
Conclusion à l’attention de vos proches
Je sais à quel point il peut être difficile pour vous de soutenir une personne anxieuse car j’en ai beaucoup discuté avec mon compagnon actuel une fois que j’ai été mieux :
Il a connu des moments de doute, dans ses capacités à m’aider et me soutenir, mais aussi dans la possibilité que je guérisse vraiment.
Dans un premier temps il a pensé savoir exactement ce dont j’avais besoin, me l’a apporté et a pensé que j’irai mieux très vite.
Puis il a constaté que ce n’était pas suffisant, que ça prendrait beaucoup plus de temps, il a pris conscience aussi de ses limites, de ce qu’il était capable de faire, ce qui portait ses fruits, comme de ce qui le mettait lui-même en difficulté, ou qui n’avait pas d’incidence bénéfique sur moi.
Il a appris aussi à me faire confiance, voyant que je ne laissais jamais tomber malgré mes difficultés, empêtrée dans mes blocages et mes peurs, et que par à-coups, tant bien que mal, je faisais des pas de géant.
Il a aussi assisté aux rechutes, aux longues périodes de “stabilisation” durant lesquelles on ne peut pas aller trop vite ni tenter trop de choses, durant lesquelles on doit prendre le temps de renforcer ce que l’on a appris, ce que l’on arrive à refaire, des choses simples, comme aller faire ses courses ou rester seul.e chez soi sans avoir d’attaque de panique.
Mais la patience et l’abnégation dont il a fait preuve ont largement été récompensées : il a apprécié tout autant que moi mes succès, mes progrès, mon retour à l’autonomie, la possibilité, enfin, de me réaliser et de réaliser mes rêves.
Il a découvert, cachée derrière l’anxiété, une personne forte, battante, drôle et généreuse, qui lui a rendu au centuple tout ce qu’il lui a donné pour s’en sortir.
Surmonter l’anxiété est un cheminement, un travail long et difficile, pour la personne qui en souffre comme pour celle qui l’accompagne.
C’est pourquoi, si vous vivez avec une personne anxieuse, prenez conscience de vos limites, soyez présent.e sans vous mettre en danger vous-même ou culpabiliser mais surtout, gardez espoir et confiance en la personne que vous aimez et que vous aidez, c’est de cela dont elle a besoin.
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